NOUS. Les abuseurs de personnes âgées…?
2016-11-18

Réponse à une lettre parue dans le quotidien Le Nouvelliste.
Abuseurs
Claire et moi, dormons dans notre résidence privée pour aînés,
depuis 14 ans avec 23 personnes à nos côtés.
Nous sommes des « exploiteurs » de la vieillesse.
À la Villa Saint-Narcisse.
Nous expérimentons « les vieux » que nous serons. Tous un jour.
Quand la cloche d’urgence résonne en pleine nuit!
À notre maison. Reliée à la résidence.
C’est nous « les préposés proprios » qui se levons!
C’est nous qui les aimons dans toutes sortes de circonstances.
La nuit.
Nos vieux amis peuvent toujours compter sur nous.
Et le jour.
Cinq de nos irremplaçables et uniques employés, à tour de rôle,
cuisinent, font la lessive, le ménage et se partagent le service au table.
Ils écoutent. Rendent service aussi. Rient. Chantent. Aiment.
Et pas toujours payés pour l’aide qu’ils apportent généreusement
et bénévolement à nos « vieux amis. »
Nous leur disons souvent merci.
Ensemble.Nous prenons soin de nos aînés. Du mieux qu’on peut.
On prend soin d’une vieille grand-maman de 103 ans.
Comme d’un vieux couple amoureux de 60 ans de mariage.
Tous fragilisés par la maladie.
Et nous souhaiterions bien un jour…Vieux.
Être aimés et respectés
comme nos employés aiment les femmes et les hommes qui vivent chez-nous
Alors nous savons de quoi on parle quand nous nous exprimons ainsi
Evelyne Gervais Trudel, 103 ans.
Malgré tout…
Quand nous lisons la lettre de madame Duquette
dans le quotidien Le Nouvelliste du mercredi 17 novembre 2016
à l’effet que les propriétaires comme nous, des petites résidences privées,
ne déduisent pas la portion des services lorsqu’un résident est hospitalisé.
Nous devons comprendre que nous sommes des abuseurs.
Que nous sommes rien que des profiteurs.
Que nous sommes d’habiles arnaqueurs qui font de l’argent sur le dos « des vieux »!
Nous citons madame:
« Il faut s’attendre à ce que les dirigeants crient et refusent la responsabilité de faire un simple calcul. Pourtant lorsqu’on héberge une cinquantaine de personnes, ce ne peut être si compliqué. Les dirigeants devraient avoir une base en comptabilité afin de rembourser nos personnes âgées équitablement. Il faut absolument que cet abus financier cesse rapidement. Il devient urgent de faire pression auprès de nos députés et ministres afin qu’une loi soit adoptée en ce sens. »
Le simple calcul
Dans sa lettre, madame Duquette additionne le mépris dans chaque paragraphe.
Elle multiplie sans gêne les préjugés financiers. Sans nuance aucune.
Et même si cette histoire ne s’est pas passée chez-nous.
Elle nous concerne. Elle vise encore les propriétaires des petites résidences.
Tous dans le même bateau! Les abuseurs financiers. Les profiteurs. Les voleurs.
Ce que cette femme dénonce au sujet de la pension de sa mère,
est une règle générale que nous appliquons chez-nous. Comme partout.
Une règle tout à fait légitime pour équilibrer le budget d’une petite résidence.
Cette règle, elle est d’autant plus normale dans une petite résidence de 23 personnes
comme la nôtre dont le budget n’est pas comparable aux grands établissements.
Désolé madame la calculatrice de base!
Si madame savait comment sa leçon comptable est souffrante en réalité.
Qu’est-ce qu’elle connaît dans la rentabilité des petites résidences?
Rien. Croyez-nous.
Sa grande leçon de chiffres pourrait mettre en péril
des petites résidences comme la nôtre.
S’occuper des personnes âgées est bien plus qu’un simple forfait.
Beaucoup plus qu’un simple calcul comptable de base.
Chez-nous c’est la mission humaine que nous calculons.
Puis.
À la fin de chaque mois,
Nous espérons que notre mission soit un peu profitable.
S’occuper des personnes âgées est bien plus qu’un simple forfait.
Les petites résidences n’ont pas le choix de comptabiliser
tous les forfaits budgétisés pour en arriver à une certaine rentabilité.
Alors.
Cette leçon comptable, nous pouvons s’en passer.
Cette lettre sent juste l’argent.
Et nous allons s’arrêter ici.
Nous ne connaissons pas toute l’histoire entourant le bail de madame
et les relations que sa fille a entretenu avec la direction de la résidence.
Mais…
Nous en avons plein le dos de nous faire traiter comme des voleurs!
Madame crie à l’injustice!
Elle crie à l’argent. Au vol! Aux députés. Aux ministres!
Mais oui madame. Nous ne sommes pas une OSBL.
Nous sommes des petites entreprises.
Nous avons des hypothèques. Et quand un vieil ami de notre maison
s’en va temporairement à l’hôpital pour des raisons de santé.
Nous ne coupons pas les heures à nos cuisinières ou à nos employés à l’entretien.
Nous poursuivons nos opérations.
Et nous espérons que nos vieux amis reviennent à la maison.
« C’est ça qui compte madame qui compte! »
Bref.
Cette lettre sans nuance, de l’administration d’une résidence
pour personnes âgées salie et met en doute nos réputations.
Dans la majorité des résidences privées au Québec,
les gens âgées sont très bien traités.
Bien sûr. Il faut demeurer vigilant et dénoncer les crottés
qui abusent de nos ainés.
Et qui nous font souvent mal paraître aux nouvelles.
Toutes sortes de gens peuvent abuser des personnes âgées.
Il y a des enfants également qui abusent de leurs parents.
Ils savent compter aussi. Nous en avons connu de cette race-là.
Ils contrôlent le budget de leurs parents.
Ils ménagent une douche par semaine pour en avoir plus dans leurs poches
après le décès de leur parent. Oui ça existe. Ils ne se dénoncent pas ceux-là!
Ou encore. Ils font signer des chèques à « matante » qui perd la mémoire.
Les « abuseurs »que nous sommes veillent au grain!
Mais ce qui est plus populaire ces temps-ci,
c’est de traiter tous les proprios des petites résidences de maudits voleurs.
Et de profiteurs.
La dénonciation comptable de madame Duquette souffre d’enflure sévère.
Prendre soin des gens âgés est bien plus que ça!
Et vous savez quoi? Si nous le pouvions. Avant de rembourser un forfait, nous augmenterions
le salaire de nos employés qui prennent grand soin de nos vieux amis.
Quand nous avons lu cette lettre, ce matin-là,
C’est comme une gifle en pleine figure que nous avons reçue!
Il faut dire que « l’abuseuse »s’était levée une autre nuit
pour calmer l’angoisse d’une « bonne petite vieille »
Que voulez-vous, dans notre forfait.
CLAIRE ne calcule pas le temps qu’elle donne à nos vieux amis…
Même la nuit…L’abuseuse.
Commentaires
Répondre
Articles à la une

Humain
LETTRE POUR LA FÊTE DES PÈRES
2023-06-18

Non classé
LES PAPARMANES ROSES DE SAINT-ELIE
2023-06-09

Actualité
Coeur et têtes strippés
2023-05-10
MERCI !…a mes très chères patrons…Claire et Daniel de » décortiquer » les VRAIES affaires suite a la lettre de Mme Anne-Sylvie Duquette…!!!
Author
Merci Michèle… Merci à toi. D’être là avec eux.
Et avec nous.
Très bien dit Daniel, et félicitations à vous deux. Claire et toi vous vous occupez des ainés, offrez de l’amour, donnez du temps et encore du temps à n’en plus finir en vous souciant des besoins de chacun.
Vous partagez vos passions avec eux lors de vos soirées, le piano, les chansons, et tout le reste. Bravo ! C’est du bonheur qui ne s’achète pas.
Author
Merci Lucie. C’est gentil. J’en chanterai une pour toi!
Bravo Daniel pour ton texte.La critique est très facile …les critiqueux devraient aller travailler une semaine dans les
résidences pour constater toutes les qualités du coeur ,la patience et l,oubli de soi que ce travail requiert.Merci pour
votre temps et votre patience….
Author
Merci Yolande. Merci beaucoup.
Je viens de lire en entier ton texte, et comme j’ai une belle-soeur commissaire aux plaintes pour les résidences Chartwell; je peux confirmer que la plupart des plaintes viennent de famille avec des sous qui ne veulent pas dépenser pour garder pour eux plus tard ce même argent. Et que après enquête le plus souvent les plaintes sont rejetées car injustifiée et ne tenant pas compte des vrais besoins des gens âgées. Je voudrais que ces gens passent un an complet avec une personne âgée pour faire comprendre tout l’amour que nécessite un métier comme celui là. Lâchez pas
Author
Merci beaucoup Ginette. Je sais..Il faut vivre avec des gens âgés que nous serons…pour le savoir.
Effectivement…ta belle-sœur dit vrai. Et tu sais, nous serions les premiers à aider des gens dans le cas contraire.
Bon dimanche